PREMIÈRE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE                   323
des siècles dans les magasins de notre mobilier national. Aucun, nom ne paraissait trop illustre pour qu'on lui fit honneur de ces. merveilleuses frises d'enfants se jouant au milieu des poissons et des guirlandes de fleurs. On pensa successivement à Rubens, à van Dyck et à leurs plus habiles élèves, sans que le style, d'aucun d'eux autorisât une attribution définitive. Il nous semble bien difficile d'admettre que ces bordures exquises soient l'œuvre de cet obscur Francis Cleyn ou Klein, originaire de Rostock, dans le Mecklem­bourg, spécialement chargé de prêter son concours aux tapissiers de Mortlake. L'encadrement des Actes des apôtres appartient à un maître de premier ordre; mais aucun document n'a permis jus­qu'ici de déterminer définitivement son auteur.
Pendant qu'il ne reculait devant aucune dépense pour assurer la perfection des ouvrages exécutés à Mortlake, accordant à Crane une pension annuelle de 2,000 livres, lui engageant, en 1630, le domaine de Grafton en garantie des 7,500 livres qu'il lui devait à cette époque, Charles Ier demandait aux plus grands peintres du temps des modèles originaux..Rubens peignit, à la requête du roi, six compositions de VHistoire d'Achille. Antoine van Dyck fut en relations intimes avec le directeur de Mortlake; il nous a laissé son portrait, et il existe en'Angleterre une tapisserie où les deux favoris de Charles Ier sont représentés dans la même composition. Dans les dernières années desa vie, le peintre attitré de l'aristo­cratie anglaise avait soumis au roi ,1e plan d'une série de quatre -compositions retraçant les faits principaux de l'histoire de l'ordre de la Jarretière; c'était -l'Élection du roi, l'Institution de l'ordre et la Procession des chevaliers. Charles Ier, qui avait .commandé les dessins, voulait les faire traduire en tapisserie pour la décoration de la salle où étaient célébrées les fêtes de l'ordre.
La pénurie du trésor, les événements politiques, peut-être aussi le chiffre de la dépense, empêchèrent l'exécution du projet pro­posé par van Dyck, et il ne nous en est resté qu'un dessin repré­sentant la Procession des chevaliers de l'ordre, dessin conservé au­jourd'hui dans une des grandes collections anglaises. On né saurait • refuser à cette scène pompeuse un grand effet décoratif. Quant aux prétentions de van Dyck, qui aurait réclamé 300,000 écus pour les modèles seulement, c'est une de ces vieilles fables sans fonde­ment qui remplissent les compilations.des anciens historiens de l'art, et qu'on s'étonne de rencontrer de nos jours sous la plume d'écri-